Agriculteurs et apiculteurs appellent à la mobilisation pour faire face au datura qui menace la sécurité sanitaire et les abeilles. Le tournesol est une culture essentielle pour les abeilles et l’avenir de la filière apicole. Les agriculteurs doivent utiliser toutes les solutions techniques pour lutter contre le datura : faux-semis, binage, arrachage et innovations variétales permettant un désherbage en post-levée.
Plante invasive très présente dans le Sud-Ouest, le datura qualifié « d’herbe du diable » est un casse-tête agronomique pour les producteurs de tournesol. Fortement toxique pour l’homme et les animaux d’élevage, le datura représente un problème de sécurité sanitaire et peut générer de graves intoxications s’il n’est pas géré efficacement et de manière attentive par les agriculteurs et les organismes de collecte. La coopérative agricole Val de Gascogne est donc intraitable vis-à-vis de cette espèce invasive. « La qualité de nos récoltes est notre priorité » souligne Denis Mousteau, Directeur du Pôle Filières et Innovation de la coopérative. Conséquence, les experts agronomiques de Val de Gascogne accompagnent les agriculteurs pour les aider à maîtriser efficacement le datura dans leurs parcelles.
Pour résoudre le casse-tête agronomique posé par le datura, les agriculteurs utilisent des itinéraires techniques sur-mesure : faux-semis, binage et même arrachage manuel des pieds de datura constituent des solutions adaptées en agriculture biologique et conventionnelle. Des innovations variétales permettent aussi de maîtriser le datura. Certaines variétés tolérantes aux herbicides permettent des applications phytosanitaires raisonnées en post-levée. Largement utilisées pour résoudre les problèmes posés par l’ambroisie, autre espèce invasive présentant un enjeu de santé publique qui perturbe la production de tournesol, ces innovations variétales permettent aux agriculteurs de désherber uniquement si cela est nécessaire, c’est à dire lorsque le datura commence à lever. Cette innovation associe bénéfices économiques et agronomiques.
Outre des interrogations concernant la toxicité de son nectar, le datura est une nouvelle menace pour les abeilles. En raison des problèmes qu’elle pose aux producteurs de tournesol, cette espèce invasive pourrait contribuer à une baisse des surfaces de tournesol si elle n’était pas contrôlée de manière consciencieuse avec le panel d’outils actuellement à la disposition des agriculteurs. Or elles ont déjà été divisées par deux en 25 ans. Après un pic à 1,2 million d’hectares, le tournesol peine aujourd’hui à couvrir 600 000 hectares en France. Avec le colza, le tournesol est la principale culture mellifère. Elle est indispensable aux abeilles. Les productions d’oléo-protéagineux assurent près des deux tiers de la production de miel dans l’hexagone. Les butineuses y trouvent du nectar, pour faire du miel, et du pollen dans lequel elles trouvent les protéines nécessaires au maintien de leurs défenses immunitaires. La prolifération du datura pourrait donc avoir des conséquences désastreuses pour la filière apicole. Les apiculteurs lancent donc un appel aux agriculteurs pour qu’ils utilisent toutes les solutions à leur disposition pour maintenir les surfaces de tournesol dans leurs assolements.
Apiculteurs et agriculteurs parlent à l’unisson pour sonner la mobilisation générale contre le datura. A la clef, il y a un double bénéfice : répondre à l’enjeu de santé publique et de sécurité sanitaire et améliorer la qualité et la disponibilité de la ressource pour les abeilles. Bien alimentées, les butineuses sont en bonne santé. C’est un facteur clé pour préserver une filière apicole durable capable de produire du miel et d’assurer le précieux service de la pollinisation. C’est la volonté de la coopérative agricole Val de Gascogne fortement engagée dans l’agriculture durable qui multiplie les initiatives pour associer apiculteurs et agriculteurs : formations à l’apiculture, Groupements d’Intérêts Economiques et Environnementaux, ateliers pratiques…