Espèce invasive fortement allergène et actuellement en pleine floraison, l’ambroisie est en fort développement cette année. Outre le problème de santé publique qu’elle pose, c’est un véritable casse-tête agronomique pour les agriculteurs. Conséquence : les surfaces de tournesol ont tendance à diminuer. Problème, cette ressource est essentielle pour l’alimentation des butineuses. Pour y faire face, il existe des solutions complémentaires les unes des autres : agronomie et innovations variétales permettant le désherbage en post-levée. Apiculteurs et agriculteurs en appellent à la mobilisation générale.
Le tournesol est une ressource essentielle pour les abeilles et l’apiculture française. Elle assure non seulement une part importante de la production de miel dans l’hexagone, mais elle joue aussi un rôle majeur dans le développement des colonies. C’est pourquoi, la diminution des surfaces inquiète les apiculteurs. Dans les années 90, il y avait 1,2 million d’hectares de tournesol et la production française de miel était d’environ 40 000 tonnes. Aujourd’hui, on compte environ 550 000 hectares de tournesol et la production de miel oscille entre 16 et 25 000 tonnes par an. La baisse tendancielle des surfaces est de l’ordre de 10% par an au cours des dernières années. Il y a urgence. Toute réduction supplémentaire de tournesol aurait des conséquences dramatiques pour la filière apicole française.
L’ambroisie est une espèce invasive. Fortement allergène, c’est un problème majeur pour la santé publique. Les pouvoirs publics sont mobilisés avec un plan de lutte national et des actions coordonnées par les ARS (Agences Régionales de Santé). Désormais, dans les zones infestées, il y a un référent ambroisie par commune. L’ambroisie se développe particulièrement dans les parcelles de tournesol puisque son cycle biologique est court, comme celui du tournesol. Elle se développe dès le mois de mai et sa germination peut se prolonger jusqu’à la fin du mois de juin. L’ambroisie est donc très présente dans les cultures de printemps comme le tournesol. Elle appartient d’ailleurs à la même famille botanique. A la différence du blé, les cultures de tournesol ne couvrent pas les sols au printemps.
Des moyens de lutte existent et les différentes solutions sont complémentaires. Au niveau agronomique, les agriculteurs ont recours aux semis tardifs. Ils allongent également les rotations et cherchent à préserver le tournesol qui est une excellente tête d’assolement. Mais l’allongement des rotations a pour conséquences une diminution des surfaces. Les agriculteurs peuvent également utiliser des variétés tolérantes permettant l’usage de désherbants sélectifs de post-levée.
Selon les observations du Réseau Biodiversité pour les Abeilles, ces innovations variétales sont attractives pour les abeilles domestiques et plus encore pour certains pollinisateurs sauvages comme les bourdons.
Apiculteurs et agriculteurs ont un destin lié. Les agriculteurs ont besoin des apiculteurs et de leurs abeilles pour polliniser leurs cultures. De leur côté, les apiculteurs ont besoin des agriculteurs pour nourrir leurs abeilles. Malgré le développement d’espèces invasives comme l’ambroisie ou le datura, le maintien, voire le développement des surfaces de tournesol est un enjeu majeur pour l’alimentation des butineuses et l’avenir de la filière apicole. Toute réduction supplémentaire de tournesol aurait des conséquences dramatiques pour la filière apicole française. Tous les acteurs doivent se mobiliser et tous les moyens de lutte doivent être utilisés.